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Maîtriser la création d’applications métiers sans code ou peu de code, le nouvel enjeu IT des entreprises

Maîtriser la création d’applications métiers sans code ou peu de code, le nouvel enjeu IT des entreprises

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Créer rapidement des applications métiers, web ou mobiles par des non-développeurs en réduisant les coûts et en répondant aux besoins spécifiques, la promesse est alléchante. À la condition d’une part que ce type de projet soit encadré, pour qu’il s’intègre parfaitement dans le système d’information des entreprises, et d’autre part de connaître les écueils inhérents à tous types de développement informatique.

La direction des systèmes d’information (DSI) de l’entreprise ne peut pas souvent répondre en temps utile aux demandes de développement d’applications formulées par les collaborateurs ou aux demandes de développement d’applications « métiers ». De plus le dialogue avec les développeurs n’est pas toujours optimal. Face à ce constat, les salariés sont tentés par les outils de création de logiciels qui leur permettent d’être acteur de leurs projets.
Alexandre Cogne

« Le fait est que les métiers ont des idées, veulent faire des tests, qualifier certains parcours, mais bien souvent la DSI a d’autres projets sur le feu et les collaborateurs font face à un goulet d’étranglement », confie Alexandre Cogné, chargé de compte Senior chez Ping Identity.

La création No Code (sans code) ou Low Code (avec très peu de codage) est ainsi une tendance forte pour plusieurs raisons. D’abord pour répondre à l’engorgement de la DSI (services informatiques) et à la pénurie de développeurs. Ensuite, pour diminuer le temps et donc le coût de développement. Enfin pour disposer de logiciels et services qui correspondant à des besoins spécifiques.

Le No Code permet en effet au personnel des métiers de concevoir rapidement des applications par simple glisser-déposer sur un écran. Quant au Low Code, il permet à des développeurs juniors d’assembler des briques logicielles déjà présentes pour réaliser des logiciels sur mesure.

Des outils et méthodes pour tous les usages

Face à la vague des applications No Code, il existe de très nombreuses propositions de la part de nombreux éditeurs de plateformes No Code à telle enseigne que des consultants proposent de les sélectionner et de les qualifier précisément. Les « hyperscalers » (Amazon, Microsoft, Google) ne sont pas en reste et fournissent des plateformes No Code avec des modèles prédéfinis ou pas. Microsoft Power Apps peut être No Code et Low Code, Amazon Honeycode permet de créer des applications Web et mobiles sans code via 18 modèles, Google AppSheet décline sa version pour développer son application.

« La facilité de création et de déploiement des applications est tentante. La standardiste peut créer une application de gestion des contacts, le comptable conçoit un outil de gestion des paies, en doublon de celui qui existe et sans prévenir la DSI, etc. », souligne Brian Grenon CISO chez Bluecom. Les profils des créateurs d’applications sont donc très variés.
Thibaud Zuppinger

Concernant la gestion des identités, la plateforme Da Vinci Ping Identity intègre l'ensemble des technologies dans ce domaine. Alexandre Cogné précise que « Deux type de créateurs sont concernés, d’une part les profils technophiles qui peuvent piocher dans un catalogue d’idées validées et les adapter aux besoins, d’autre part ceux qui peuvent créer une application entièrement originale ».

Éviter le Shadow IT

De plus en plus de collaborateurs ont pris l’habitude de télécharger des applications et des services ou de les utiliser directement via le Cloud, priorisant alors les ressources qui leur sont utiles dans leur travail au quotidien, sans penser aux risques encourus. Le Shadow IT qualifie ainsi l’usage par les salariés des outils personnels, tels que les ordinateurs portables, les tablettes ou la création et la modification d’applications, qui échappent à la vérification de la DSI qui ne peut pas alors contrôler, sinon accompagner, cette tendance récurrente. La montée en charge du No Code Low Code impose une réflexion sur ce sujet.

« La mise en place d’une plateforme de création d’applications Low code No code doit se faire en collaboration avec la DSI. Nous ne voulons pas être un outil Shadow IT de plus », insiste Thibaud Zuppinger, directeur Marketing d’Axelor.

Prendre en compte la souveraineté et la réversibilité des données

La question de la souveraineté soulève elle aussi quelques problématiques. En effet, très peu des collaborateurs qui font appel aux outils des « hyperscalers » déjà cités prennent en compte la souveraineté des données. Or, aucune des données sensibles confiées à Google, Amazon ou Microsoft ne peut être considérée à l’abri de la curiosité des services américains, selon les législations de protection Cloud Act et Patriot Act. Alors que le recours à des prestataires de Cloud européens peut aussi être envisagé au nom de la défense des intérêts économiques européens.
Brian Grenon

Enfin la notion de réversibilité doit être abordée dans le choix d’utiliser une plateforme No Code Low Code. Lorsqu’une entreprise ne souhaite plus utiliser un logiciel, elle doit pouvoir le faire dans des délais et des coûts raisonnables. Cette notion de récupération des données s’appelle la réversibilité.

« Beaucoup de plateformes ne proposent pas la restitution des données et lorsqu’ils le font, c’est au format CSV (NDLR : le CSV est un formatage brut des données), très long à adapter à une nouvelle plateforme. De toutes les façons, personne ne se pose cette question car la réversibilité des données, c’est très compliqué », explique Brian Grenon.

Quel est le rôle de la norme BPMN ?

Le Business Process Model and Notation (BPMN) est une norme qui représente les processus métiers sous forme de symboles structurés par un diagramme.

En bref, elle permet à tous les acteurs d’une organisation de travail (collaborateurs, ingénieurs, consultants, opérationnels, etc.) de disposer d’un langage commun, simple à interpréter sur un écran, pour réaliser des applications au plus près des besoins métiers.

Lu 3380 fois Dernière modification le lundi, 16 octobre 2023 14:43
Serge Escalé

Journaliste indépendant spécialisé IT depuis 1995
Le Monde informatique, Le Figaro, Les Echos, Itespresso, Le MagIT, Silicon.fr, GPO Magazine