Facturation électronique : pourquoi s’y préparer dès à présent ?
“Aujourd’hui, les informations de facturation arrivent de tous les côtés, il faut bien le reconnaître : par courrier postal, par mail ; les factures sont parfois remises à la livraison, des tickets remis par les salariés ; le tout sous différents formats. La réforme permet d’espérer un allègement du suivi et de la gestion des factures grâce à un point d’entrée unique appelé “la Plateforme” et à un format de facturation plus “standardisé”, explique Stéphane Gosselin.
3 questions à Stéphane Gosselin, expert-comptable et commissaire aux comptes chez Baker Tilly
Quels sont les bénéfices de la facturation électronique pour les entreprises ?
Pour commencer, il me semble important de rappeler que la facturation électronique sera obligatoire dès le 1er septembre 2026. Cette réforme de la facturation, qui est initiée par l’Etat, vise à un meilleur suivi des échanges commerciaux entre entreprises domiciliées en France et assujettis à la TVA afin d’éviter la fraude fiscale. Le passage à la facturation électronique représente donc un véritable tournant pour les entreprises car elles vont devoir centraliser et ordonner leurs informations de facturation et de suivi fiscal.
Aujourd’hui, les informations de facturation arrivent de tous les côtés, il faut bien le reconnaître : par courrier postal, par mail ; les factures sont parfois remises à la livraison, des tickets remis par les salariés ; le tout sous différents formats.
La réforme permet d’espérer un allègement du suivi et de la gestion des factures grâce à un point d’entrée unique appelé “la Plateforme” et à un format de facturation plus “standardisé”. Cela va également apporter une sécurisation contre les risques de fraudes et d’escroquerie grâce au contrôle apporté par le Registre National des Entreprises et aux alertes liées aux détections de changements de coordonnées ou de RIB.
Le passage à la facturation électronique concourt également à la réduction des délais de paiements par les clients ; ce qui est une faiblesse générale de l’économie française. Cette réduction est permise par les services de paiements en ligne et par l’échéance programmée proposés par les Plateformes. Elle est également dû à une surveillance renforcée de ces délais par les Services de la Concurrence et des Fraudes qui accentuent leur pression sur les “mauvais payeurs” comme le mentionne le site du Ministère de l’Economie qui publie toutes les semaines la liste des entreprises condamnées pour non-respect des délais de paiement.
Le suivi des “statuts de vie” de la facture permet de s’assurer des étapes intermédiaires de réception/acceptation/mise en paiement et de traiter plus tôt les litiges de facturations.
Toutes ces informations permettent de mieux prévoir le suivi et d’anticiper d’éventuels écueils de trésorerie ; le tout dans une temporalité qui est de l’ordre de quelques semaines.
De quelle manière un cabinet comme Baker Tilly accompagne-t-il ses clients face à ce changement ?
Depuis presque deux ans, nous partageons régulièrement des informations et sensibilisons les entreprises aux modalités de déploiement de cette réforme et à son contenu précis.
Actuellement, nous menons une campagne de contrôle des factures émises et vérifions le respect des 32 mentions obligatoires qui sont incontournables pour la bonne circulation des futures factures dématérialisées.
Nous procédons aussi au recensement de nos clients qui ont aujourd’hui des outils de facturation inadaptés de type tableur, traitement de texte, ancien logiciel non maintenu, etc. Nous les accompagnons vers un changement de support pour mieux coller au futur cadre réglementaire.
Par ailleurs, nous avons également un service d’accompagnement à la réorganisation des process et des services administratifs et financiers des entreprises qui vont être impactés par cette réforme.
Enfin, notre service d’identification et de sélection, sur cahier des charges, repère les différentes Plateformes qui sont en cours d'agrément. C’est dans ce vivier que les entreprises devront choisir « leur » plateforme de prédilection.
Quelles sont les attentes et les craintes des entreprises dans ce cadre ?
Les entreprises espèrent que cette réforme apportera plus de simplification que de lourdeur administrative.
Elles attendent également des informations très concrètes venant des éditeurs de logiciels et précisant les conditions et dates de mise en route de l’outil ; ce qui représente une crainte quant au coût encore inconnu des mises à jour de logiciels pour intégrer ces nouveaux formats et les interfaces entre les différentes applications. Il est à noter que l’expérience des facturations supplémentaires lors du passage à l’an 2000 ou du passage à l’Euro a laissé de mauvais souvenirs ; mauvais souvenirs réveillés par les dernières augmentations inflationnistes des contrats de maintenance informatique.
La gestion du “e-reporting”, dense et rapprochée, laisse craindre un bouleversement des organisations en place par un rythme accru de déclarations à l'État tous les 10 jours au lieu de tous les mois : une des réactions les plus fréquentes est de se demander “mais comment va-t-on faire en période de congés ?”.
L’inconnu dans la gestion et l’éventuelle lourdeur des mises à jour des statuts de vie de la facture, dans son cycle de diffusion, soulève aussi des interrogations et des craintes du côté des entreprises. Il est donc urgent de s’y préparer dès maintenant et d’être bien accompagné pour le faire.
La rédaction
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