Usage sans discernement de l’IA par le dirigeant : entre risques pour l’entreprise et appauvrissement des capacités sensibles humaines
Fondée en 2021, Heart Leadership University (HLU), association d’intérêt général à caractère éducatif et scientifique, a publié en juin une étude exploratoire sur l’Intelligence artificielle et ses impacts sur la capacité décisionnaire des dirigeants d’entreprise. Ce travail de recherche exploratoire a été mené en partenariat avec le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD). Plusieurs dizaines de dirigeants d’entreprises, de tailles et secteurs divers, ont été interrogés sur leur rapport à l’IA, à travers des focus groups.
HLU a pour mission de développer un mouvement de dirigeants animés par l’intelligence du coeur (intuition, empathie, courage) pour préserver l’humanité face aux défis du 21ème siècle. Dans ce cadre, HLU a ouvert fin 2022 un programme de recherche sur les risques posés par le développement non maitrisé de l’IA pour comprendre plus spécifiquement ses impacts sur les dirigeants d’entreprise, notamment après l'essor des IA génératives comme ChatGPT.
Cette étude examine en particulier le rôle et les responsabilités des dirigeants face à l’IA et l'impact de l’IA sur leur prise de décision, en mettant en lumière les opportunités et les risques associés à un usage extensif des systèmes d’IA.
Une Intelligence artificielle très matérielle, et extractive
Le terme d’intelligence artificielle est apparu en 1956 pour désigner un nouveau champ de recherche partant du postulat que tous les aspects de l’intelligence humaine pouvaient être simulés et reproduits par une machine. Pour HLU, ce postulat de départ est erroné car il ne prend pas en compte les capacités organiques et sensorielles de l’être humain, comme l’intuition et empathie, ou encore son courage, des caractéristiques que la machine ne peut reproduire.
Contrairement à ce que son nom laisse entendre, l’intelligence artificielle est par ailleurs en fait très matérielle. Comme le rappelle Kate Crawford, Senior Principal Researcher chez Microsoft Research : « l’intelligence artificielle est à la fois incarnée et matérielle, faite de ressources naturelles, de carburant, de main-d’oeuvre humaine, d’infrastructures, de logistiques (…) ». L’IA et la révolution numérique ont un très fort impact sur l’environnement dû, entre autres, à la croissance de la consommation de métaux et d’énergie pour alimenter les centres de données. Une étude de Green IT de 2019 évaluait la consommation d’énergie primaire de l’industrie du numérique à 4,2 % de la consommation mondiale.
Derrière l’IA se cache également le micro-travail. Les algorithmes et les modèles d’IA doivent être alimentés en données, ce qui nécessite l’intervention de travailleurs du clic, dont la grande majorité vient de pays à très bas coût salarial. Selon l’Université d’Oxford, le nombre de ces micro-travailleurs dans le monde est estimé à 165 millions de personnes.
Risques spécifiques pour l’entreprise et le dirigeant d’un usage sans discernement de l’IA
Avec le soutien du CJD, HLU a organisé plusieurs focus groupes avec des dirigeants d’entreprises de tailles diverses et agissant dans divers domaines.
“Je suis aujourd'hui dans une relation attraction-répulsion avec l'intelligence artificielle. Je me dis que si je ne m’intéresse pas à elle, elle s'intéressera à moi”, déclare un dirigeant d’une TPE dans le Conseil RH.
“Aujourd'hui, c'est plus la crainte de se faire dépasser, de passer à côté et de finir par se dire : finalement, aujourd'hui, il n'y a plus que ça et nous, on ne maîtrise pas”, souligne un Dirigeant d’une PME dans le Conseil informatique.
« On arrive vraiment à un choc de l'humanité. Si dans les trois ans, tu ne maîtrises pas l'IA, tu es à côté de la plaque. Je ne ressens pas de peur, mais au contraire une énorme excitation devant tout ce que l'on va pouvoir faire avec”, ajoute un dirigeant d’une PME dans les Services industriels.
Les chefs d’entreprise interrogés expriment des avis très contrastés sur l’IA. Certains disent qu’il faut l’adopter pour rester dans la course face à leurs concurrents, alors que d’autres sont plus prudents. L’étude révèle également qu’il existe de nombreux angles morts : la plupart des dirigeants interrogés ne s’interrogent pas sur les implications, en termes écologiques, géopolitiques ou sociaux, d’un usage massif de l'IA.
Les résultats de ce travail montrent enfin que si le dirigeant d’entreprise s’appuie trop ou uniquement sur l’IA dans sa prise de décision, il risque de délaisser des aptitudes humaines essentielles, qui ne sont pas prises en compte dans les systèmes d’IA, et à terme de mettre en péril son entreprise.
En conclusion, l’étude montre que la mobilisation de l’intelligence du cœur (intuition, courage et empathie) permet un juste usage de l’IA. En effet, l’intelligence artificielle induit de nombreux biais chez l’être humain dont le biais d’automatisation (faire confiance spontanément à la machine) et diminue l’usage de ses capacités sensibles. Diriger avec l’intelligence du cœur à l’ère de l’intelligence artificielle, c’est à la fois contribuer à préserver notre humanité, et prendre de meilleures décisions.
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